| Dossier «L'Affaire du RER D» — AFP
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France
Agression antisémite du RER: après l'effroi, l'appel au "sursaut" citoyen
AFP |
12.07.04 | 17h22
Politiques et syndicats ont appelé lundi au "sursaut" et au "courage citoyen", après les premières réactions d'effroi suscitées ce week-end par l'agression antisémite dont a été victime une jeune femme, accompagnée de son bébé, dans un train de la banlieue parisienne.En déplacement en Gironde, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a appelé lundi les Français au "courage citoyen", après "l'agression ignoble" d'une jeune mère vendredi dans le RER D, entre Louvres et Sarcelles (Val d'Oise).Dénonçant l'antisémitisme comme "une honte", le Premier ministre a ajouté: "Il y a aussi un mal dans notre société, c'est l'indifférence face à la violence", évoquant le fait qu'aucun passager du train ne soit intervenu pendant l'agression.De son côté, la secrétaire d'Etat aux Droits des victimes, Nicole Guedj, qui s'est entretenue lundi matin avec la jeune mère, a appelé à témoigner un jeune homme assis à proximité de la victime dans le RER : "il y avait une vingtaine de personnes capables de voir la scène, notamment un jeune homme assis à proximité (...) Le geste qu'il n'a pas fait vendredi, il doit le faire aujourd'hui".Dès dimanche soir, cinq obédiences maçonniques avaient appelé chacun au "courage", dans un communiqué commun, estimant "qu'il ne suffit pas de condamner ou de se rassembler sous le coup d'une légitime émotion pour affirmer nos valeurs".Lundi, le consistoire israélite de Paris a exigé "des pouvoirs publics que les condamnations verbales soient suivies d'arrestations".Le Parti socialiste a également réclamé, par la voix de Claude Bartolone, que la "volonté manifestée par le législateur soit suivie d'effet", après le vote à l'unanimité par l'Assemblée nationale d'une loi renforçant "l'arsenal de répression contre le racisme et l'antisémitisme"."s'indigner ne suffit pas"Le PS a en outre souligné, comme de nombreux politiques la veille, que cette agression, intervenue peu après l'appel du président de la République au "sursaut" contre le racisme, "montre bien la difficulté qu'il y a à apporter une réponse au-delà des mots et des discours".Les communistes orthodoxes (PRCF) ont renchéri en estimant que "s'indigner et se lamenter ne suffit pas" et appelant à "rechercher les racines de la xénophobie, du racisme et du fascisme qui se développent en France".Lutte ouvrière s'est associée à l'appel à manifester du PCF ce lundi, à 18h00, au métro Belleville à Paris, tout en estimant que les hommes politiques "qui sont ou ont été au pouvoir" portaient "leur part de responsabilité" dans cette affaire.Du côté des syndicats, l'appel à une mobilisation citoyenne était largement partagé, François Chérèque (CFDT) appelant "l'ensemble de la société à un sursaut", et la CGT d'Ile-de-France souhaitant "la mobilisation de tous", tout comme l'Union syndicale G10 Solidaires.La Fédération Sud rail a de son côté rapproché "l'agression d'un contrôleur à Metz" et celle de "l'usager sur la ligne D du RER", mettant en avant le "manque de personnel à bord des trains", tandis que la CFE-CGC, syndicat des cadres de la SNCF, espérait "un sursaut de civisme".En fin de journée, la mairie d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où réside la victime, a appelé à un rassemblement mardi à 18h00 pour combattre "toutes les manifestations de haine".